Mon avis: Un roman parodique
pour se moquer de la société américaine, de
la politique, de toute notre civilisation en général. On ne saura pas d'ou viennent les martiens ni pourquoi ils
repartent (Lorsqu'on leur demande pourquoi ils sont
là, ils répondent : "Qu'est-ce que les gens vont faire dans les zoos sur ta
cochonnerie de planète ?"). Peut-être n'était-ce qu'un rêve ?
A lire.
Adaptation Ciné: Martians
Go Home David Odell, USA 1990 (89mn) Adaptation
comic: Martians
Go Home 2009
Fredric Brown (1906-1972) a exercé
à peu prés tous les métiers avant de débuter
dans la littérature par des romans policiers. Ses
nouvelles, trés nombreuses et aussi cotées que
ses romans, sont de petits bijoux d'humour et d'invention qui le
placent parmi les auteurs-cultes de la SF américaine.
Moi, Flapjack et les Martiens
-1952 (avec
Mack
Reynolds) in "Fantômes
et farfafouilles" PdF
n°65 (1963) - Folio SF n°79 (2001) ISBN 2070418987 Le narrateur est un cow-boy qui traverse une étendue aride, dans le centre des États-Unis. Il est accompagné par son âne, Flapjack. Un beau matin, surprise, un petit vaisseau spatial atterrit près d'eux. De ce vaisseau, pas plus gros qu'un ballon de football, sortent des extraterrestres aussi gros que des ongles. Ils branchent un appareil. Le narrateur entend une voix dans sa tête : les extraterrestres diffusent un message directement dans son esprit. Or ce que le narrateur ne tarde pas à réaliser à sa grande stupéfaction, c'est que les extraterrestres s'adressent non pas à lui, mais à l'âne, qu'ils ont pris comme étant l'espèce dominante la plus intelligente sur Terre ! Il a beau essayer de se faire entendre, les extraterrestres le paralysent avec un rayon laser et discutent avec l'âne. Impuissant, le narrateur entend les braiements de Flapjack et les réponses des extraterrestres.
Ces derniers expliquent à l'âne qu'ils vont envahir la Terre et qu'ils vont anéantir toute trace de vie sur la planète, afin de pouvoir s'y installer commodément.
Flapjack braie à plusieurs reprises, et le narrateur comprend qu'il donne une solution alternative aux extraterrestres. Après plusieurs minutes de dialogue, les extraterrestres remercient l'âne de son excellente idée : ils vont quitter la Terre, qui est sauvée.
Vous voudriez savoir ce que Flapjack leur a dit ? Eh bien, demandez-le lui, à Flapjack, dès qu'il aura fini de boire sa bière et mangé sa crêpe !
Flotte de Vengeance
-
1950 in "Fantômes
et farfafouilles" PdF
n°65 (1963) - Folio SF n°79 (2001)
Le
Dernier Martien -1950 (adaptation
TV: Un cas intéressant ou
Le martien (The Human Interest Story) Norman Lloyd 1959 (Épisode #149 de la collection Alfred Hitchcock présente -adapté par l'auteur); L'extraterrestre (The
Human Interest Story) Larry Gross 1985 (Épisode #7 de
la collection Alfred Hitchcock présente). Entrée Interdite -1954 in "Lune
de miel en enfer" PdF n°75 - Folio
SF n°280 (juin 2007) isbn:2070342727
La vie sexuelle sur Mars -1950
compilation de textes jamais publiés, retrouvés chez
l'épouse de Brown par un éditeur français, ce
texte inachevé de 2 paragraphes, malgré un titre provocateur,
parle de la conquête spatiale et de l'impérieuse nécessité
d'aller sur Mars . (Série 33 - Ed.Clancier-Guénaud
-1988)
Mars
aux Martiens -
(Keep Out -1954) in "Nouvelles des siècles futurs"
OMNIBUS, coll. Omnibus, 2004
ISBN : 2-258-05611-X
Daptine est le fin mot de l'histoire. Ils l'ont
d'abord appelée «adaptine», ce qui par la suite a dégénéré en «
daptine ». Elle nous a permis de nous adapter. Ils nous ont expliqué
tout cela à l'âge de dix ans. Je crois qu'ils pensaient que nous
étions trop jeunes pour le comprendre avant, bien que nous en sachions
alors déjà beaucoup à ce sujet. Ils nous ont tout raconté juste
après notre arrivée sur Mars. « Les enfants, vous êtes chez vous
», nous a dit le directeur après nous avoir fait entrer sous un
dôme de verre qu'ils avaient spécialement construit pour nous. Il
nous a dit aussi qu'il y aurait un cours spécial à notre intention
ce soir-là, un cours important auquel nous devions tous assister. Et
ce soir-là, il nous exposa la situation dans tous ses tenants et
aboutissants. Il se leva pour nous parler. Il devait bien sûr porter
une combinaison spatiale chauffée avec un casque étanche ; la température
du dôme était tout à fait convenable pour nous, mais déjà glaciale
pour lui, et l'air trop raréfié pour sa respiration. Sa voix nous
parvenait par radio de l'intérieur du casque. - Les enfants,
répéta-t-il, vous êtes chez vous. Nous sommes sur Mars, planète
sur laquelle vous allez passer le restant de votre vie. Vous êtes
des Martiens, les premiers Martiens. Vous avez vécu cinq ans sur
Terre et cinq ans dans l'espace. Maintenant, vous allez passer dix
ans sous ce dôme, jusqu'à ce que vous deveniez adultes. Avant la
fin de cette durée, vous serez autorisés à passer des périodes progressivement
plus longues à l'extérieur. »Ensuite, vous mènerez votre propre
vie, vous fonderez des familles en tant que Martiens. Vous vous
marierez et élèverez des enfants qui, eux aussi, seront des Martiens. »
Le moment est venu de vous raconter l'histoire de cette grande expérience
à laquelle vous participez tous. Il enchaîna alors sur un long
exposé. L'homme, dit-il, avait atteint Mars pour la première
fois en 1985. La planète, qui n'avait jamais connu de forme de vie
intelligente (elle était riche en plantes et possédait quelques
variétés d'insectes rampants), était inhabitable selon les critères
terrestres. L'homme ne pouvait survivre sur Mars qu'en vivant sous
des dômes de verre et en portant des combinaisons spatiales à l'extérieur.
Excepté les jours des saisons les plus chaudes, le climat était
beaucoup trop froid pour lui. L'atmosphère était trop ténue pour
lui permettre de respirer, et une longue exposition aux rayons du
soleil - moins filtrés des radiations dangereuses que sur la Terre
en raison de l'atmosphère moindre - risquait de le tuer. Les plantes
lui étaient chimiquement étrangères et il ne pouvait pas s'en nourrir
; il devait importer toute sa nourriture en provenance de la Terre
ou la faire croître dans des cuves hydroponiques. Pendant cinquante
ans, l'homme essaya de coloniser Mars, mais tous ses efforts échouèrent.
A côté de ce dôme réservé à notre usage, il n'y avait qu'un seul
autre avant-poste, un autre dôme plus petit situé à moins d'un kilomètre. Il
semblait alors que l'humanité ne pût jamais s'implanter sur les
autres planètes du système solaire, car Mars était la moins inhospitalière
d'entre elles : si l'homme était incapable de vivre sur celle-ci,
ce n'était vraiment pas la peine d'essayer de coloniser les autres. Puis,
en 2034, il y a trente ans, un brillant biochimiste nommé Waymoth
découvrit la daptine : un produit miracle qui agissait non pas sur
l'animal ou la personne qui l'assimilait, mais sur sa progéniture
conçue pendant une certaine durée après l'inoculation. Celui-ci
donnait à ses descendants des capacités d'adaptation aux variations
de l'environnement presque sans limites, à condition que les changements
soient introduits progressivement. Le Dr Waymoth l'avait inoculé
à une paire de cobayes qu'il avait ensuite accouplés ; ils donnèrent
naissance à une portée de cinq petits, et, en plaçant chacun d'eux
sous des conditions progressivement variables, il obtint des résultats
surprenants. Devenus adultes, l'un de ces cobayes vivait confortablement
à une température de moins quarante degrés Celsius, tandis qu'un
autre prospérait à plus soixante-dix degrés. Un troisième engraissait
avec un régime mortel pour tout animal ordinaire, et un quatrième
vivait heureux sous une dose permanente de rayons X qui aurait tué
ses parents en quelques minutes. Les expériences furent poursuivies
avec de nombreuses portées ; elles montrèrent que les animaux adaptés
à ces conditions pouvaient se reproduire et que leur progéniture
était conditionnée dès la naissance à vivre dans le même environnement. -
Dix années plus tard, il y a de cela dix ans, continua le directeur,
vous êtes nés. Vos parents ont été soigneusement sélectionnés parmi
les volontaires pour l'expérience. Et, depuis la naissance, vous
avez été élevés sous des conditions soigneusement contrôlées et
progressivement variables. » Depuis que vous êtes nés, l'air
que vous respirez a été progressivement raréfié et appauvri en oxygène.
Vos poumons ont compensé cela en augmentant considérablement leur
capacité, c'est pourquoi vos cages thoraciques sont beaucoup plus
larges que celles de vos professeurs et surveillants; quand vous
aurez atteint la maturité et que vous respirerez directement l'air
de Mars, la différence sera encore plus grande. » Votre système
pileux est en train de se développer pour vous permettre de supporter
un froid plus intense. Vous êtes aujourd'hui à l'aise sous des conditions
qui provoqueraient la mort rapide de personnes ordinaires. Depuis
que vous avez passé l'âge de quatre ans, vos nourrices et vos professeurs
ont dû porter des vêtements de protection spéciaux pour survivre
dans un environnement qui vous semble tout à fait normal. » Au
bout de dix autres années, quand vous deviendrez adultes, vous serez
complètement acclimatés à Mars. Son air sera le vôtre ; ses plantes,
votre nourriture. Ses températures extrêmes vous seront faciles
à supporter, et ses températures moyennes agréables. Déjà, grâce
aux cinq années que vous avez passées dans l'espace sous l'influence
d'une gravitation progressivement diminuée, la gravité de Mars vous
paraît tout à fait normale. » Ce sera votre planète pour y vivre
et prospérer. Vous êtes les enfants de la Terre, mais aussi les
premiers Martiens. Bien sûr, nous n'étions pas sans savoir déjà
une bonne partie de tout cela.
La dernière année a été meilleure. L' air à l'intérieur du dôme
- à l'exception des parties pressurisées où vivaient nos professeurs
et surveillants - était désormais presque comme à l'extérieur. Nous
étions autorisés à sortir pendant des durées de plus en plus longues.
Quel plaisir de goûter au plein air ! Les derniers mois, ils
ont relâché la ségrégation entre les sexes afin que l'on puisse
commencer à choisir son partenaire, bien qu'ils aient clairement
précisé qu'il ne pouvait y avoir aucun mariage avant le jour final,
avant notre libération définitive. Dans mon cas, le choix n'a pas
été difficile. Je l'avais fait depuis longtemps et j'étais sûr qu'elle
l'avait fait aussi ; et j'avais vu juste. C'est demain qu'arrive
le jour de notre libération. Demain, nous serons des Martiens, les
Martiens. Demain, nous prendrons possession de la planète. Certains
d'entre nous sont à bout, ils s'impatientent depuis maintenant des
semaines, mais la sagesse nous fait attendre. Nous avons attendu
vingt ans et nous pouvons attendre jusqu'au jour final. Et ce
jour fatidique arrive demain. Demain, au signal, nous tuerons
les professeurs et les autres Terriens parmi nous avant de partir.
Ils ne se méfient de rien, et ainsi nous les aurons facilement. Nous
avons dissimulé nos sentiments depuis maintenant dos années, et
ils ne savent pas combien nous les haïssons. Ils ignorent combien
nous les trouvons dégoûtants et laids, avec leur corps hideux et
difforme, si étroit d'épaules et creux de poitrine, leur faible
voix sifflante qui ne porte pas dans notre air martien, et par dessus
tout leur peau blanche, terreuse et glabre. Nous les tuerons
et nous irons aussi détruire l'autre dôme afin d'être débarrassés
de tous les Terriens. Si d'autres Terriens viennent pour les
venger, nous nous réfugierons dans les collines, où ils ne pourront
jamais nous trouver. Et s'ils essayent de construire de nouveaux
dômes, nous les détruirons. Nous n'avons plus rien à faire avec
la Terre.
C'est notre planète et nous ne voulons pas d'étrangers. Mars
aux Martiens !
Traduit par Nicolas Balbo
Fredric Brown (1906-1972)
- Etats-Unis L'Univers en folie (1949) et Martiens, go home!
(1955) sont deux chefs-d'oeuvre de la SF humoristique. Bien que
son premier texte publié fût une nouvelle policière, qu'il ne débutât
dans la Sf que trois ans plus tard en 1941, qu'il écrivît vingt-deux
romans policiers contre uniquement cinq de SF, Fredric Brown est
surtout considéré en France comme un auteur de science-fiction,
grâce aux deux romans précités et à ses fameuses nouvelles. A
lire aussi - La Nuit du Jabberwock (nouvelles, 1951) ; Une étoile
m'a dit (1951) ; Lune de miel en enfer (1958) ; Fantômes et farfafouilles
(1961) ; Paradoxe perdu (1973)
DENOËL Présence du Futur
1973 - n°
17 illustration intérieure Boghossian |