Cette idée est aussi à la base de son travail formel, dont l’univers bariolé s’affranchit de la pesanteur d’un réalisme grisâtre. Dans le monde de Gilliam, on croise des nains, des géants, des personnages historiques fort éloignés de leur légende, des bateaux qui s’envolent vers la lune, des plombiers acrobates, des machines étranges et monstrueuses, des voyageurs temporels, des marginaux qui se prennent pour des chevaliers, des reporters sous l’emprise de LSD, des frères Grimm roublards et des Alice aux pays des horreurs. Et tant d’autres choses, entre démons et merveilles, qu’une pyramide égyptienne ne pourrait en contenir tous les trésors.
Chez Terry Gilliam, un seul mot d’ordre : l’imagination. La plus débridée possible.
Néanmoins, il convient d’être honnête et d’avouer que maître Gilliam a un défaut : un tempérament débordant, un goût du challenge pour le challenge qui l’amène souvent à se lancer dans des entreprises hasardeuses, pour ne pas dire franchement bancales. Une difficulté à contenir ses pulsions créatrices qui partent parfois un peu dans tous les sens. Quand le réalisateur parvient à maîtriser ce cheval fou, cela peut donner un chef-d’oeuvre absolu (Brazil) ou de très bons films (Bandits bandits, L’armée des 12 singes). Quand il n’y parvient pas, cela peut donner Las Vegas Parano ou, dans une moindre mesure, Les frères Grimm.
Qu’importe. Terry Gilliam demeure l’un des réalisateurs - l’un des créateurs d’univers - les plus follement originaux et excitants du cinéma contemporain.
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