Martiens, go home ! - Martians, go home! (1954)


Folio SF n°6
 de Fredric Brown
 
GALLIMARD
Coll. Folio SF n° 6 (09/2000)
Isbn : 2-07-041562-7
[Couv.]FREAS Frank Kelly [Trad.]DOREMIEUX Alain

 4e de couverture
 
Enfermé dans une cabane en plein  désert, Luke Devereaux auteur de  science-fiction en mal d'invention,  invoque désespérement sa muse  de toute évidence retenue ailleurs quand soudain... on frappe à la porte.  Et un petit homme vert, goguenard,  apostrophe Luke d'un désinvolte: "Salut Toto !"
Un milliard de Martiens, hâbleurs, exaspérants, mal embouchés, d'une familiarité répugnante, révélant  tous les secrets, clamant partout  la vérité, viennnent d'envahir la Terre.
" Mais comment s 'en débarrasser !"

Premiére page
Si les peuples de la Terre n'étaient pas préparés à la venue des Martiens, c'était entièrement leur faute. Les événements du siècle en général et des précédentes décades en particulier auraient dû leur mettre la puce à l'oreille.Ils pouvaient même s'y attendre, en fait, depuis bien plus longtemps encore, l'homme ayant échafaudé des hypothèses sur la pluralité des mondes habités depuis qu'il savait que la Terre n'était pas le centre de l'univers. Mais ces hypothèses, sans rien pour les confirmer ni les réfuter, demeuraient sur un plan purement philosophique, comme la question du nombril d'Adam ou du sexe des anges.

Mon avis:
Un roman parodique pour se moquer de la société américaine, de la politique, de toute notre civilisation en général. On ne saura pas d'ou viennent les martiens ni pourquoi ils repartent (Lorsqu'on leur demande pourquoi ils sont là, ils répondent : "Qu'est-ce que les gens vont faire dans les zoos sur ta cochonnerie de planète ?"). Peut-être n'était-ce qu'un rêve ?
A lire.

Adaptation Ciné: Martians Go Home David Odell, USA 1990 (89mn)
Adaptation comic:
Martians Go Home  2009


Fredric Brown (1906-1972) a exercé à peu prés tous les métiers avant de débuter dans la  littérature par des romans policiers. Ses  nouvelles, trés nombreuses et aussi cotées  que ses romans, sont de petits bijoux d'humour et d'invention qui le placent parmi  les auteurs-cultes de la SF américaine.

Moi, Flapjack et les Martiens -1952
(avec Mack Reynolds)
in "Fantômes et farfafouilles" PdF n°65 (1963) - Folio SF n°79 (2001)
ISBN 2070418987

Le narrateur est un cow-boy qui traverse une étendue aride, dans le centre des États-Unis. Il est accompagné par son âne, Flapjack. Un beau matin, surprise, un petit vaisseau spatial atterrit près d'eux. De ce vaisseau, pas plus gros qu'un ballon de football, sortent des extraterrestres aussi gros que des ongles. Ils branchent un appareil. Le narrateur entend une voix dans sa tête : les extraterrestres diffusent un message directement dans son esprit. Or ce que le narrateur ne tarde pas à réaliser à sa grande stupéfaction, c'est que les extraterrestres s'adressent non pas à lui, mais à l'âne, qu'ils ont pris comme étant l'espèce dominante la plus intelligente sur Terre ! Il a beau essayer de se faire entendre, les extraterrestres le paralysent avec un rayon laser et discutent avec l'âne. Impuissant, le narrateur entend les braiements de Flapjack et les réponses des extraterrestres. Ces derniers expliquent à l'âne qu'ils vont envahir la Terre et qu'ils vont anéantir toute trace de vie sur la planète, afin de pouvoir s'y installer commodément. Flapjack braie à plusieurs reprises, et le narrateur comprend qu'il donne une solution alternative aux extraterrestres. Après plusieurs minutes de dialogue, les extraterrestres remercient l'âne de son excellente idée : ils vont quitter la Terre, qui est sauvée. Vous voudriez savoir ce que Flapjack leur a dit ? Eh bien, demandez-le lui, à Flapjack, dès qu'il aura fini de boire sa bière et mangé sa crêpe !

Flotte de Vengeance - 1950
in "Fantômes et farfafouilles" PdF n°65 (1963) - Folio SF n°79 (2001)

Le Dernier Martien  -1950
(adaptation TV: Un cas intéressant ou Le martien (The Human Interest Story) Norman Lloyd 1959 (Épisode #149 de la collection Alfred Hitchcock présente -adapté par l'auteur);
L'extraterrestre (The Human Interest Story) Larry Gross 1985 (Épisode #7 de la collection Alfred Hitchcock présente).
Entrée Interdite -1954
in "Lune de miel en enfer" PdF n°75 - Folio SF n°280  (juin 2007) isbn:2070342727
 

La vie sexuelle sur Mars -1950
compilation de textes jamais publiés, retrouvés chez l'épouse de Brown par un éditeur français, ce texte inachevé de 2 paragraphes, malgré un titre provocateur, parle de la conquête spatiale et de l'impérieuse nécessité d'aller sur Mars .
(Série 33 - Ed.Clancier-Guénaud -1988)
 


 Mars aux Martiens - (Keep Out -1954)
 
in "Nouvelles des siècles futurs" OMNIBUS, coll. Omnibus, 2004
 ISBN : 2-258-05611-X

Daptine est le fin mot de l'histoire. Ils l'ont d'abord appelée «adaptine», ce qui par la suite a dégénéré en « daptine ». Elle nous a permis de nous adapter.
Ils nous ont expliqué tout cela à l'âge de dix ans. Je crois qu'ils pensaient que nous étions trop jeunes pour le comprendre avant, bien que nous en sachions alors déjà beaucoup à ce sujet. Ils nous ont tout raconté juste après notre arrivée sur Mars.
« Les enfants, vous êtes chez vous », nous a dit le directeur après nous avoir fait entrer sous un dôme de verre qu'ils avaient spécialement construit pour nous. Il nous a dit aussi qu'il y aurait un cours spécial à notre intention ce soir-là, un cours important auquel nous devions tous assister.
Et ce soir-là, il nous exposa la situation dans tous ses tenants et aboutissants. Il se leva pour nous parler. Il devait bien sûr porter une combinaison spatiale chauffée avec un casque étanche ; la température du dôme était tout à fait convenable pour nous, mais déjà glaciale pour lui, et l'air trop raréfié pour sa respiration. Sa voix nous parvenait par radio de l'intérieur du casque.
- Les enfants, répéta-t-il, vous êtes chez vous. Nous sommes sur Mars, planète sur laquelle vous allez passer le restant de votre vie. Vous êtes des Martiens, les premiers Martiens. Vous avez vécu cinq ans sur Terre et cinq ans dans l'espace. Maintenant, vous allez passer dix ans sous ce dôme, jusqu'à ce que vous deveniez adultes. Avant la fin de cette durée, vous serez autorisés à passer des périodes progressivement plus longues à l'extérieur.
»Ensuite, vous mènerez votre propre vie, vous fonderez des familles en tant que Martiens. Vous vous marierez et élèverez des enfants qui, eux aussi, seront des Martiens.
» Le moment est venu de vous raconter l'histoire de cette grande expérience à laquelle vous participez tous.
Il enchaîna alors sur un long exposé.
L'homme, dit-il, avait atteint Mars pour la première fois en 1985. La planète, qui n'avait jamais connu de forme de vie intelligente (elle était riche en plantes et possédait quelques variétés d'insectes rampants), était inhabitable selon les critères terrestres. L'homme ne pouvait survivre sur Mars qu'en vivant sous des dômes de verre et en portant des combinaisons spatiales à l'extérieur. Excepté les jours des saisons les plus chaudes, le climat était beaucoup trop froid pour lui. L'atmosphère était trop ténue pour lui permettre de respirer, et une longue exposition aux rayons du soleil - moins filtrés des radiations dangereuses que sur la Terre en raison de l'atmosphère moindre - risquait de le tuer. Les plantes lui étaient chimiquement étrangères et il ne pouvait pas s'en nourrir ; il devait importer toute sa nourriture en provenance de la Terre ou la faire croître dans des cuves hydroponiques.
Pendant cinquante ans, l'homme essaya de coloniser Mars, mais tous ses efforts échouèrent. A côté de ce dôme réservé à notre usage, il n'y avait qu'un seul autre avant-poste, un autre dôme plus petit situé à moins d'un kilomètre.
Il semblait alors que l'humanité ne pût jamais s'implanter sur les autres planètes du système solaire, car Mars était la moins inhospitalière d'entre elles : si l'homme était incapable de vivre sur celle-ci, ce n'était vraiment pas la peine d'essayer de coloniser les autres.
Puis, en 2034, il y a trente ans, un brillant biochimiste nommé Waymoth découvrit la daptine : un produit miracle qui agissait non pas sur l'animal ou la personne qui l'assimilait, mais sur sa progéniture conçue pendant une certaine durée après l'inoculation. Celui-ci donnait à ses descendants des capacités d'adaptation aux variations de l'environnement presque sans limites, à condition que les changements soient introduits progressivement.
Le Dr Waymoth l'avait inoculé à une paire de cobayes qu'il avait ensuite accouplés ; ils donnèrent naissance à une portée de cinq petits, et, en plaçant chacun d'eux sous des conditions progressivement variables, il obtint des résultats surprenants. Devenus adultes, l'un de ces cobayes vivait confortablement à une température de moins quarante degrés Celsius, tandis qu'un autre prospérait à plus soixante-dix degrés. Un troisième engraissait avec un régime mortel pour tout animal ordinaire, et un quatrième vivait heureux sous une dose permanente de rayons X qui aurait tué ses parents en quelques minutes.
Les expériences furent poursuivies avec de nombreuses portées ; elles montrèrent que les animaux adaptés à ces conditions pouvaient se reproduire et que leur progéniture était conditionnée dès la naissance à vivre dans le même environnement.
- Dix années plus tard, il y a de cela dix ans, continua le directeur, vous êtes nés. Vos parents ont été soigneusement sélectionnés parmi les volontaires pour l'expérience. Et, depuis la naissance, vous avez été élevés sous des conditions soigneusement contrôlées et progressivement variables.
» Depuis que vous êtes nés, l'air que vous respirez a été progressivement raréfié et appauvri en oxygène. Vos poumons ont compensé cela en augmentant considérablement leur capacité, c'est pourquoi vos cages thoraciques sont beaucoup plus larges que celles de vos professeurs et surveillants; quand vous aurez atteint la maturité et que vous respirerez directement l'air de Mars, la différence sera encore plus grande.
» Votre système pileux est en train de se développer pour vous permettre de supporter un froid plus intense. Vous êtes aujourd'hui à l'aise sous des conditions qui provoqueraient la mort rapide de personnes ordinaires. Depuis que vous avez passé l'âge de quatre ans, vos nourrices et vos professeurs ont dû porter des vêtements de protection spéciaux pour survivre dans un environnement qui vous semble tout à fait normal.
» Au bout de dix autres années, quand vous deviendrez adultes, vous serez complètement acclimatés à Mars. Son air sera le vôtre ; ses plantes, votre nourriture. Ses températures extrêmes vous seront faciles à supporter, et ses températures moyennes agréables. Déjà, grâce aux cinq années que vous avez passées dans l'espace sous l'influence d'une gravitation progressivement diminuée, la gravité de Mars vous paraît tout à fait normale.
» Ce sera votre planète pour y vivre et prospérer. Vous êtes les enfants de la Terre, mais aussi les premiers Martiens.
Bien sûr, nous n'étions pas sans savoir déjà une bonne partie de tout cela.

La dernière année a été meilleure. L' air à l'intérieur du dôme - à l'exception des parties pressurisées où vivaient nos professeurs et surveillants - était désormais presque comme à l'extérieur. Nous étions autorisés à sortir pendant des durées de plus en plus longues. Quel plaisir de goûter au plein air !
Les derniers mois, ils ont relâché la ségrégation entre les sexes afin que l'on puisse commencer à choisir son partenaire, bien qu'ils aient clairement précisé qu'il ne pouvait y avoir aucun mariage avant le jour final, avant notre libération définitive. Dans mon cas, le choix n'a pas été difficile. Je l'avais fait depuis longtemps et j'étais sûr qu'elle l'avait fait aussi ; et j'avais vu juste.
C'est demain qu'arrive le jour de notre libération. Demain, nous serons des Martiens, les Martiens. Demain, nous prendrons possession de la planète.
Certains d'entre nous sont à bout, ils s'impatientent depuis maintenant des semaines, mais la sagesse nous fait attendre. Nous avons attendu vingt ans et nous pouvons attendre jusqu'au jour final.
Et ce jour fatidique arrive demain.
Demain, au signal, nous tuerons les professeurs et les autres Terriens parmi nous avant de partir. Ils ne se méfient de rien, et ainsi nous les aurons facilement.
Nous avons dissimulé nos sentiments depuis maintenant dos années, et ils ne savent pas combien nous les haïssons. Ils ignorent combien nous les trouvons dégoûtants et laids, avec leur corps hideux et difforme, si étroit d'épaules et creux de poitrine, leur faible voix sifflante qui ne porte pas dans notre air martien, et par dessus tout leur peau blanche, terreuse et glabre.
Nous les tuerons et nous irons aussi détruire l'autre dôme afin d'être débarrassés de tous les Terriens.
Si d'autres Terriens viennent pour les venger, nous nous réfugierons dans les collines, où ils ne pourront jamais nous trouver. Et s'ils essayent de construire de nouveaux dômes, nous les détruirons. Nous n'avons plus rien à faire avec la Terre.

C'est notre planète et nous ne voulons pas d'étrangers. Mars aux Martiens !

Traduit par Nicolas Balbo

Fredric Brown (1906-1972) - Etats-Unis
L'Univers en folie (1949) et
Martiens, go home! (1955) sont deux chefs-d'oeuvre de la SF humoristique. Bien que son premier texte publié fût une nouvelle policière, qu'il ne débutât dans la Sf que trois ans plus tard en 1941, qu'il écrivît vingt-deux romans policiers contre uniquement cinq de SF, Fredric Brown est surtout considéré en France comme un auteur de science-fiction, grâce aux deux romans précités et à ses fameuses nouvelles.
A lire aussi - La Nuit du Jabberwock (nouvelles, 1951) ; Une étoile m'a dit (1951) ; Lune de miel en enfer (1958) ; Fantômes et farfafouilles (1961) ; Paradoxe perdu (1973)

DENOËL Présence du Futur 1973 - n° 17 illustration intérieure Boghossian

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